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Justo Gallego, bâtisseur de cathédrale

Justo Gallego est aujourd’hui presque centenaire. Son âge ne l’empêche pas de poursuivre l’oeuvre de sa vie: une cathédrale qu’il construit de ses propres mains depuis plus de 50 ans. 

A une vingtaine kilomètres de Madrid, à Mejorada del Campo, un petit homme se lève tous les matins à l’aurore pour s’affairer sur un énorme chantier. Cet homme, c’est Justo Gallego. Justo est un fervent croyant qui depuis 1961 travaille à l’édification de sa propre cathédrale. Il a aujourd’hui plus de 90 ans. Malgré son âge, une incroyable ferveur l’anime toujours à construire de ses propres mains la cathédrale Notre Dame du Pilar, en honneur à la mère de Jésus.

Justo avait un rêve

Cette tuberculose, c’est elle qui le force à quitter le sacerdoce. Justo voulait devenir prêtre mais la maladie met fin à son projet. Pourtant sa foi est immense. En guise de remerciements à la Vierge Marie qui l’a sauvée selon lui, le jeune Justo veut réaliser un rêve incongru. Ce rêve, c’est de construire un édifice religieux. Aidé de quelques membres de sa famille et de ses amis, Justo Gallego entreprend donc à 29 ans, sans permis de construire ni études d’architecture, de construire une cathédrale sur un terrain hérité de ses parents.

« Les plans ? Il les a dans la tête », dit-il. Il s’est en effet inspiré des traités italiens d’architecture sur la construction des cathédrales. Aujourd’hui, le résultat est plus que surprenant. Justo a construit à partir de matériaux de recyclage un édifice doté d’une coupole de 40 mètres de hauteur, flanqué de plusieurs tours atteignant les 60 mètres et de colonnes érigées à partir de bidons remplis de ciment et de pierres.

Cet infatigable travailleur a fait tout pratiquement tout seul, finançant son ouvrage grâce aux revenus de la location ou de la vente des terrains familiaux. Aucune subvention de la Mairie, qui pendant longtemps ne voyait pas d’un bon oeil cette construction non homologuée, ni de l’Etat espagnol, même à l’époque du très catholique Franco.

Une foi qui déplace des montagnes

Mais ce petit homme d’apparence fragile, qui ressemble au Commandant Cousteau, y croit dur comme fer. Il arrivera à achever sa cathédrale dans dix ou quinze ans. Doté d’une force sans pareil et d’un formidable entêtement, Justo se lève tous les jours à 6 heures du matin pour aller travailler sur son chantier. Il consacre tout son temps et son énergie à la réalisation de son projet. Sa vie austère est alternée de repas frugaux et de lecture quotidienne du Livre Saint. Malgré ses 12 heures de travail quotidien, Justo Gallego confesse même jeûner de temps en temps pour purifier son corps et son esprit.

Pendant longtemps, le projet de Justo est resté pratiquement inconnu du grand public. En outre, les habitants du village considérait son acharnement comme purement excentrique. Mais Justo Gallego est loin d’être fou. Même si son discours est en complet décalage avec les valeurs de notre époque, Justo est très lucide.

C’est d’ailleurs ce monde qu’il rejette qui l’a fait connaître du grand public. C’est en effet la publicité de la boisson Aquarius qui a fait sortir de l’anonymat la Cathédrale du Juste. Depuis affluent journalistes et visiteurs qui restent bouche bée devant l’envergure de sa construction. Ses tours à colombages, ses escaliers, dont les mouvements circulaires ne sont pas loin de rappeler le style de Gaudi. Tous restent en admiration devant une telle passion. Certains croyants verseront même une larme d’émotion.