Economie,  Espagne,  Madrid,  Reportages

La ville forteresse du Groupe Santander

A 25 kilomètres de Madrid, dans le quartier résidentiel de Boadilla del Monte, la banque espagnole Banco Santander a érigé une véritable forteresse. 

 

Bienvenus à la Cité Financière du Groupe Santander. C’est ici que travaillent depuis 2004 plus de 8000 employés sur 250 hectares. 

La cité d’Emilio Botin

Clairement inspirée du modèle américain, la cité d’Emilio Botin, le feu président du Groupe Santander, n’a pourtant rien à voir avec les hautes tours du quartier des finances de Manhattan. L’ancien président du numéro un de la zone euro par capitalisation boursière a plutôt choisi le cadre idyllique d’une banlieue pavillonnaire situé au nord de Madrid pour regrouper toutes les divisions de la banque. Au total : 140 000m2 de bureaux, reliés entre eux par un tunnel. 

Parmi les oliviers taillés au millimètre bordant des allées impeccables, neuf somptueux édifices en granit et en verre ont été construits en 2004 par l’architecte irlandais Kevin Roche. Cet ancien élève de l’allemand Mies van der Rohe a érigé la cité financière de Monsieur Botin selon les dernières normes environnementales. Le résultat: un ensemble luxueux composé d’un immense terrain de golf avec un petit lac, un centre sportif avec pistes de padel et piscine, des magasins, un salon de coiffure, cinq restaurants, un hôpital, une université et des transports gratuits sans oublier une garderie « pouvant accueillir 400 enfants », explique la guide dans son uniforme rouge et bleu. 

Augmenter la productivité et rentabiliser les coûts

Si la cité financière de Botin a des allures de parc de loisirs, la mini-ville n’a pas été construite pour divertir les employés, bien au contraire. Fidèle à ses principes d’austérité et de productivité, Botin a décidé d’exiler son groupe aux portes de Madrid pour économiser.

« Transparence de l’information et réduction des coûts: notre souhait était d’y exprimer la culture du Groupe Santander », commente Juan Rodriguez Inciarte. Un pari réussi si l’on considère qu’une des motivations du déménagement était d’augmenter la productivité des employés et d’adapter les horaires à l’heure européenne. Les allées désertes qui font ressembler la city à une ville fantôme en dehors des heures de pointe en témoignent: les employés du groupe ne s’amusent pas mais travaillent.

Imbroglio judiciaire

Pour réaliser ces économies, le groupe avait « revendu tous ses édifices de Madrid » et « avait fait construire la cité pour 580 millions d’euros », explique Juan Rodriguez Inciarte, membre du conseil d’administration du groupe. La vente des succursales en Espagne a rapporté 4,4 milliards d’euros et en 2008, le groupe a revendu sa cité pour 1,9 milliards d’euros au groupe d’investissement britannique Marme. En contrepartie, Banco Santander s’engageait à lui payer un loyer jusqu’en 2048.

Mais selon le quotidien en ligne Vozpopuli, le groupe d’investisseurs n’ pas pu faire face à ses obligations de paiement de 2 milliards d’euros pour acheter la cité financière et s’est déclaré en faillite en 2014. Depuis 2015, Banco Santander lutte, d’après le quotidien El Pais, devant les tribunaux pour récupérer le contrôle de son siège. Une affaire qui a donné lieu à un imbroglio judiciaire entre l’Espagne et la Grande Bretagne qui n’est apparemment pas encore finie, estime Vozpopuli.

 


Pour plus d’information, voir le site du groupe Santander