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Espagne: Une loterie unique au monde

Considérée comme la plus grosse au monde, la loterie de Noel espagnole est unique puisqu’elle est jouée collectivement.

Véritable institution, la loterie de Noel distribue chaque année plus de deux milliards d’euros. Et même avec la crise, les espagnols n’ont pas cessé d’acheter leur « decimos » (un dixième de billet).

Doña Manolita, le kiosque qui porte bonheur

C’est à Madrid, la capitale, que l’on dépense le plus en billets de loterie de Noël : 90,80 € par tête. Plusieurs semaines avant le jour du tirage, des queues énormes se forment devant le point de vente de billets de loterie le plus célèbre dans la péninsule. C’est le kiosque de Doña Manolita. Car les espagnols pensent que ce kiosque porte chance.

« Doña Manolita est un point de vente fétiche en Espagne, notamment pour la loterie de Noel », explique Concha Corona, la responsable de ce kiosque de loterie où la photo de Doña Manolita est accrochée sur la porte. Les superstitieux n’ont pas manqué de passer leurs billets sur son effigie en espérant que la fameuse vendeuse de loterie leur portera bonheur.

C’est le cas de Clara, qui attend son tour depuis deux heures. « On verra si cette année, on a de la chance et si on pourra rembourser notre crédit », dit-elle en souriant.

«En 1924, Doña Manolita avait ouvert un kiosque dans la calle San Bernardo. Elle n’arrêtait pas de vendre des billets gagnants. Doña Manolita disait que c’était parce qu’elle allait souvent rendre hommage à la Vierge », explique Concha. Depuis, elle s’est forgée une réputation dans toute l’Espagne et certains viennent de loin pour y acheter leur billet de Noël. « Plus que des billets de loterie, ce que nous vendons, c’est du bonheur », souligne Concha.

La loterie de Noël, c’est partager

La loterie a été importée en Espagne d’Italie par Charles III en 1771. C’est en 1812 à Cadix qu’est tirée la première loterie de Noel. «C’est le second pays au monde où on a commencé à vendre des billets de loterie après l’Italie. La loterie est ancrée dans la culture espagnole. Celle de Noel est unique au monde car le même numéro est partagé par plusieurs personnes », explique Juan Escudero, le directeur artistique de la campagne publicitaire de la loterie de Noël de cette année.

À l’opposé d’autres loteries, l’espagnole se joue collectivement. Plusieurs personnes achètent une série de 10 billets qui comportent le même numéro.  C’est ce concept de partage que l’équipe de Juan Escudero a mis en valeur dans le spot publicitaire réalisé cette année et intitulé : « Partager, c’est le prix le plus important ». Pour tourner le spot principal de la campagne, ils ont donc choisi un bar typiquement madrilène dans le quartier ouvrier de Villaverde. «Le Bar d’Antonio, c’est le bar du quartier », là  où se réunissent les gens pour suivre la retransmission télévisée du tirage de la loterie de Noël et faire la fête ensemble quand on décroche le gros lot.

Un tirage chanté par des enfants

Lors du tirage, le 22 décembre de chaque année, les enfants d’un ancien orphelinat viennent chanter. Depuis 200 ans, les enfants de la résidence de San Ildefonso, du nom de l’orphelinat transformé en internat pour les enfants de familles en difficulté, répètent l’air de la loterie de Noel avant la grande cérémonie du tirage. Ils sont accompagnés par José Maria Garcia, un des éducateurs, qui leur fait répéter. «C’est l’air qui marque le début de Noel », souligne-t-il. « Quand on entend chanter les enfants de la Résidence de San Ildefonso, on se dit, ca y est, Noel est là », commente-t-il.