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Le Musée Juif de Berlin

Inauguré en 2001, le Musée Juif de Berlin est le premier musée allemand qui retrace deux millénaires d’histoire juive en Allemagne. C’est aujourd’hui l’un des musées les plus visité en Europe. 

C’est un musée pas comme les autres, situé dans le quartier de Kreuzberg, non loin de l’ancien poste frontalier du Checkpoint Charlie et de la station de métro Hallesches Tor. C’est un musée pas comme les autres car il renoue avec 2000 ans d’histoire juive en Allemagne dans le cadre d’une exposition permanente sur plus de 3000m2 de superficie. 

L’histoire du musée 

Au départ, un édifice baroque : la maison collégiale, ancien palais de justice, qui à partir de 1978 accueille le département de l’histoire juive au sein du Musée de la ville de Berlin. L’idée est de renouer avec le musée de la culture juive, fondé à Berlin en 1934 et fermé 4 ans plus tard par les nazis. 

Dans les années 80, un débat est engagé au Sénat de Berlin sur l’histoire du judaïsme en Allemagne et notamment sur le besoin de créer un musée juif à part entière. Une idée qui aboutira à l’organisation d’un concours d’architecture pour agrandir la section juive du Musée de Berlin. C’est l’architecte américain, d’origine juive et polonaise Daniel Libeskind qui remporte ce concours, quelques mois avant la chute du mur de Berlin. La première pierre du musée sera posée en 1992 suivie de son inauguration le 9 septembre 2001, presque 10 ans plus tard. 

Le message de l’architecte

Flanqué sur la partie droite de l’ancien palais baroque, le bâtiment de Libeskind, intitulé « entre les lignes », représente une étoile de David brisée. Rapidement surnommé « der Blitz », ce bâtiment ressemble à un éclair, celui-même qui secoua l’histoire des relations entre l’Allemagne et les juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. Cet éclair est sans aucun doute une allusion à celui qui a frappé de plein fouet des millions de juifs dans les camps de concentration allemands. 

Vu du ciel, le bâtiment de Libeskind évoque toutes les violences et les cassures de l’histoire des juifs en Allemagne. A l’extérieur, du zinc et du béton en soulignent ses plaies et  meurtrissures. A l’intérieur, le musée s’articule autour de 3 axes qui correspondent à différentes phases de l’histoire des juifs allemands (la Continuité, l’Exil et l’Holocauste) ponctués par ce que l’architecte nomme les voids, « les vides ».

Son musée en rassemble six au total. Ces « vides » représentent l’absence, les disparus, la destruction, les déportations, c’est à dire tous les trous de l’histoire juive en Allemagne.

Le Jardin de l’Exil

Au bout de l’axe de l’exil, un espace extérieur composé de 49 piliers de béton au sein desquels sont plantés 49 oliviers parlent de cet exil auquel les juifs ont été condamnés. Ce jardin de l’Exil préfigure une sorte de labyrinthe duquel il est difficile de sortir.    

Au bout de l’axe de l’holocauste se trouve la Tour de l’Holocauste. Dans cet espace étroit et obscur, une fente permet à un fin rayon de lumière de pénétrer la petite pièce. La sensation est oppressante et ne manquera de glacer son visiteur. On imagine bien les expériences de souffrance auxquelles renvoie cet univers froid et hostile. 

 

Succès du musée

La force du bâtiment de Libeskind réside dans les sensations que son architecture suscite. C’est ainsi qu’une double lecture du Musée se présente au visiteur: une lecture réalisée via les 4000 objets exposés dans le musée et une lecture expérimentée via les messages véhiculés par le bâtiment lui-même et les sensations qu’il suscite. 

Cet amalgame est d’ailleurs peut-être l’une des raisons pour lesquelles le Musée connaît un franc succès. Preuve en est le nombre de ses visiteurs : plus de 10 millions de personnes l’ont visité depuis son inauguration en 2001. 

 


Site du Musée Juif de Berlin