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Hackesche Höfe: des cours en enfilade

Un bel immeuble se dresse à la sortie du S-Bahn Hackescher Markt : ce sont les Hackesche Höfe, une curieuse enfilade de huit arrière-cours construite au début du vingtième siècle par l’architecte Kurt Berndt dans un style Art Nouveau. 

Situés entre la Rosenthaler Strasse et la Sophienstrasse, les Hackesche Höfe se trouvent au cœur d’un Berlin hyper branché avec ses cafés, ses restaurants, ses galeries d’art, son cinéma et son théâtre. Ces belles façades en faïence sont les témoins d’un projet architectural qui prend forme dans un Berlin en pleine révolution industrielle au début du 20ème siècle.

Projet avant-gardiste dans un Berlin en pleine révolution industrielle

Construits dans les années 1905, les Hackesche Höfe sont le résultat d’un projet d’urbanisme ultra moderne pour leur époque. Ils répondent à un besoin urgent: créer un habitat salubre au milieu des ateliers de confection. Cette enfilade de cours était destinée à économiser de l’espace dans une ville qui manquait de logements suite au boom industriel de la fin du 19ème siècle. Ce projet original où se mélangeaient habitat et activité industrielle constituait un vrai défi dans une ville, surnommée la caserne locative (Mietskaserne). Certains quartiers étaient tellement surpeuplés que la sous-location de lits était devenu monnaie courante.

Le quartier des granges

C’était le cas du Quartier des Granges (Scheunenviertel). Situé en marge de la capitale, mais pas très loin du centre du Berlin monumental, le Quartier des Granges était un quartier pauvre et malfamé, principalement habité par la communauté juive qui travaillait dans les nombreux ateliers de confection de la capitale.

En 1905 à l’époque de la construction des Hackesche Höfe, Berlin comptait 2 millions d’habitants. Des milliers de travailleurs venus de la campagne cherchaient un emploi dans l’une des manufactures de la métropole. Berlin était la ville la plus dense en Europe. Dans ces arrière-cours, des petits ateliers, boutiques d’artisans se mêlaient aux logements pour familles nombreuses des ouvriers, un univers qui a désormais disparu. 

Synagogue dans la rue Oranienburger Strasse

A partir de 1933, le quartier fut le théâtre d’évènements particulièrement tragiques puisque de nombreux juifs vivaient ici. Après l’incendie de la synagogue de la rue Oranienburger lors de la tristement célèbre nuit de Cristal en 1936, le quartier connut de nombreuses rafles qui menèrent ses habitants dans les camps de la mort, comme le témoignent les nombreuses plaques commémoratives que l’on peut trouver au détour d’une rue.

Des cours hyper branchées

Restauré au lendemain de la chute du mur, l’ensemble de ces huit cours intérieures est devenu un lieu très convoité au milieu d’un quartier de plus en plus en vogue dans les années 90. La restauration des Hackesche Höfe n’est certainement pas étrangère à la renaissance d’un quartier qui tombait en ruine au lendemain de la réunification. C’est le bureau d’architecture Faust & Weiss qui réussit à retaper avec brio ce complexe pour en faire un point d’attraction incontournable aussi bien pour les berlinois que pour les touristes. Ses cafés, ses restaurants, son cinéma, son théâtre et ses galeries d’art ne cessent d’attirer un public qui ne se lasse pas d’admirer la beauté de cet ensemble urbain dont la vocation avait été un jour d’améliorer les conditions de vie de pauvres ouvriers. 


Pour en savoir plus, site des Hackesche Höfe